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Un rassemblement “contre l’islamisme” en présence de ministres à Paris

Soutien à Boualem Sansal, rejet du voile et critique de la gauche radicale: sous l’intitulé “pour la République, la France contre l’islamisme”, un rassemblement à réuni des centaines de personnes mercredi soir à Paris en présence de plusieurs ministres.Ouvrant le rassemblement, le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau a fustigé “le poison de l’islamisme”. “Ayons le courage de reconnaître que, en France, il n’y a qu’un seul communautarisme, un seul séparatisme qui menace la République, c’est l’islamisme”, a lancé le ministre, chaudement applaudi à son arrivée sur scène par la salle debout.M. Retailleau, en campagne pour la tête de son parti Les Républicains, a de nouveau déploré un “double visage” de l’antisémitisme avec, selon lui, “celui de l’islamisme” et “un autre visage, politique, celui des Insoumis”. “Honte à ceux qui banalisent l’antisémitisme”, et “honte à l’extrême gauche française”, a-t-il lancé.En plein débat sur le voile dans le sport, il a estimé que celui-ci “est un vrai marqueur de la soumission” et “n’a rien à faire dans les compétitions sportives”. “Vive le sport, et donc à bas le voile”, a-t-il ajouté.Plus de 2.000 personnes étaient rassemblées à cette soirée organisée au Dôme de Paris par #Agirensemble, une initiative d’Elnet (European Leadership Network) qui se définit comme “une organisation indépendante” et “dédiée au renforcement des relations entre la France, l’Europe et Israël”.L’événement se voulait “le premier grand rassemblement contre l’islamisme en France”, a affirmé Arié Bensemhoun, le directeur général d’#AgirEnsemble, en fustigeant les Insoumis “collabos des islamistes” et leur chef de file Jean-Luc Mélenchon, au début de ce rassemblement où l’évocation de LFI a régulièrement suscité sifflets et huées.Lors de la diffusion d’un petit film, l’apparition à l’écran d’Emmanuel Macron a elle aussi suscité quelques huées, beaucoup moins marquées toutefois que celles réservées à l’eurodéputée Insoumise Rima Hassan.- Charte -“Parmi les principales victimes de l’islamisme il y a les musulmans”, a rappelé l’ancien ministre de l’Education Jean-Michel Blanquer.Le ministre des Outre-Mer Manuel Valls a, lui, évoqué la libération des otages du Hamas après l’attaque du 7 octobre 2023, “un combat que nous continuerons de mener jusqu’au bout”.”Croyez-vous que je vais ici renoncer à soutenir Israël” qui se trouve “en première ligne face à la barbarie islamiste”?, a-t-il lancé sous les applaudissements.De nombreux orateurs, notamment la présidente du comité de soutien à Boualem Sansal, l’ancienne ministre Noëlle Lenoir, ont appelé à la libération de l’écrivain franco-algérien, dont le sort sera décidé jeudi par un tribunal près d’Alger.La soirée a aussi été rythmée par une table ronde animée par la journaliste Eugénie Bastié, sur le thème “l’islamisme, une menace qui touche la France et le monde entier”. Parmi les intervenants se trouvaient également la chercheuse Florence Bergeaud-Blackler, la soeur de Samuel Paty, l’avocat Thibault de Montbrial… Avant le début du rassemblement, Jean-Luc Mélenchon avait dénoncé sur X des intervenants qui “comptent parmi les pires racistes et négationnistes connus”. Dans la salle, Nathane Lellouche, 23 ans, estimait – en allusion à Bruno Retailleau – que “c’est important de venir soutenir un parti de droite qui nous ressemble et défend nos valeurs”. “Je n’ai jamais eu de problèmes, mais je sais qu’il y a des territoires perdus comme Orléans” dont le rabbin a été agressé samedi, a affirmé à l’AFP le jeune homme, kippa sur la tête.”On est très conscients qu’il y a un entrisme islamiste, je le vois au nombre de femmes avec des foulards”, a affirmé Nicole Cohen, 72 ans, selon qui “c’est de pire en pire”.Sébastien, 45 ans, agent de la fonction publique, a expliqué être présent pour “lutter contre le fanatisme religieux. J’habite en banlieue et je vois une montée du communautarisme, ça prend une ampleur qui m’inquiète”.

En Israël, Bardella rencontre des survivants du 7-Octobre et défend un front commun

Jordan Bardella, le président du parti français d’extrême droite Rassemblement national, a entamé mercredi une visite sans précédent pour sa formation en Israël afin d’assister à une conférence sur la lutte contre l’antisémitisme, à l’invitation du gouvernement israélien.Premier dirigeant du parti fondé par Jean-Marie Le Pen à être officiellement invité par le gouvernement israélien, il s’est d’abord rendu sur les lieux du massacre du festival Nova, où plus de 370 personnes ont été tuées le 7 octobre 2023 lors de l’attaque du Hamas dans le sud d’Israël.Le jeune président du RN s’est recueilli devant des photos des victimes sous le vrombissement des avions militaires israéliens qui survolent quotidiennement cette partie du Néguev depuis la reprise le 18 mars des frappes aériennes dans la bande de Gaza, toute proche, après une trêve d’environ deux mois.M. Bardella a longtemps écouté un jeune homme de 25 ans, survivant de la tuerie. “Vous avez beaucoup de courage, c’est important que les gens en France se rendent compte de ce qui s’est passé ici”, lui a-t-il dit.Selon Paris, l’attaque du 7-Octobre a entraîné la mort de 50 Français.La visite a été menée par un représentant de l’armée israélienne, et ponctuée de commentaires du ministre israélien de la Diaspora, Amichai Chikli, et de l’ancien député français LR (droite), Meyer Habib.Dans la même région, à Netiv Haasara, M. Bardella a ensuite rencontré Sabine Taasa, une Franco-Israélienne dont le mari et le fils aîné ont été tués lors de l’attaque du Hamas. “Il faut occuper Gaza”, lui a-t-elle dit, “on n’a pas demandé cette guerre, j’espère que l’Europe pourra le comprendre”. Au cours de la conversation, M. Bardella a lui estimé que le conflit dans la bande de Gaza était celui de “la civilisation contre la barbarie”.Auprès des journalistes français l’accompagnant, il s’est refusé à tout commentaire “sur des opérations militaires qui sont en cours”.- “Mêmes adversaires” -Plus tôt, il avait affirmé qu’Israël et la France avaient “les mêmes adversaires”, établissant un parallèle entre l’attaque du Hamas en Israël et les attentats jihadistes du 13 novembre 2015 en France.De retour à Jérusalem, il s’est rendu en fin d’après-midi au mémorial de la Shoah de Yad Vashem.Jeudi, M. Bardella doit prendre la parole lors d’une grande conférence sur l’antisémitisme, aux côtés d’autres représentants de l’extrême droite européenne.Son invitation a suscité des réactions en Israël et parmi d’autres invités internationaux à l’évènement, dont l’intellectuel français, Bernard-Henri Lévy, qui a annulé sa venue.  Malgré ses efforts de dédiabolisation, notamment envers la communauté juive, le RN reste associé aux propos antisémites de son fondateur Jean-Marie Le Pen, décédé en janvier 2025. “Jordan Bardella n’est pas un homme d’extrême droite, mais un ami extrême d’Israël”, avait déclaré M. Chikli pour justifier son invitation.Interrogé sur la déportation des Juifs de France lors d’une rencontre avec la presse à Netiv Haasara, M. Bardella a répondu : “Je considère que le régime de Vichy a pris une part bien plus qu’active dans la collaboration avec l’Allemagne nazie et que le régime de Vichy portait en lui le déshonneur de la France.””Mais pour moi, la France était à Londres, aux côtés du général de Gaulle”, a-t-il ajouté, précisant néanmoins que “la France, par le régime de Vichy [était] en partie responsable” de la Déportation.L’attaque sans précédent du Hamas du 7 octobre a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, majoritairement des civils, selon un décompte de l’AFP basé sur des données officielles.Sur les 251 otages enlevés lors de cette attaque, 58 sont toujours retenus dans la bande de Gaza, dont 34 sont morts, selon l’armée israélienne.L’offensive militaire israélienne de représailles a tué au moins 50.183 personnes à Gaza, en majorité des civils, selon le ministère de la Santé du Hamas.

Scandale de la vidéo intime: un procès requis contre le maire de Saint-Etienne

La menace d’un procès devient plus tangible pour le maire de Saint-Étienne, Gaël Perdriau: le parquet de Lyon a requis mercredi son renvoi devant un tribunal pour “chantage” dans le cadre du scandale de la vidéo intime qui secoue la ville depuis 2022.Le parquet a rendu son réquisitoire définitif près de deux ans après la mise en examen de l’édile stéphanois dans ce dossier dit de la “sextape”, a annoncé à l’AFP le procureur de Lyon Thierry Dran.Il demande que le maire soit jugé pour “chantage, soustraction, détournement de fonds publics par un dépositaire de l’autorité publique et participation à une association de malfaiteurs”, précise le procureur dans son communiqué.Il revient désormais au juge d’instruction, qui a clos son enquête le 12 février, d’ordonner un procès ou non. La défense a jusqu’à la mi-mai pour formuler ses remarques et la décision devrait intervenir dans la foulée, ce qui laisse la porte ouverte à un jugement avant les élections municipales de 2026.L’affaire porte sur une vidéo montrant l’ancien Premier adjoint centriste Gilles Artigues, un rival potentiel du maire, en train de se faire masser par un escort-boy dans une chambre d’hôtel à Paris en janvier 2015.Gaël Perdriau est soupçonné d’avoir exigé “la loyauté politique” de Gilles Artigues, “des arbitrages électoraux et son absence d’opposition aux décisions du maire” contre la non divulgation de ce film, selon un document judiciaire consulté par l’AFP. Exclu du parti Les Républicains et vilipendé par ses opposants, le maire a toujours clamé son innocence et refusé de démissionner, mais il s’est mis en retrait de ses fonctions à la métropole. Interrogé par l’AFP sur le réquisitoire du parquet, il n’a pas voulu s’exprimer à ce stade.- “Sombre affaire” -L’opposition municipale de gauche a, par la voix de sa tête de file Isabelle Dumestre, espéré qu’un procès se tienne “dans les plus brefs délais” alors que le maire est “de toute évidence déjà en campagne”. Gaël Perdriau n’a pas encore dit s’il briguerait un second mandat, mais l’élue socialiste souhaite que les Stéphanois puissent être “éclairés du verdict de la Justice dans cette sombre affaire” avant le scrutin.”Il faut que les électeurs stéphanois puissent voter l’an prochain en toute connaissance de cause”, a également estimé Me André Buffard, avocat de Gilles Artigues, selon lequel “les magistrats semblent vouloir aller vite”. Dans son réquisitoire, le parquet souhaite que le maire soit jugé avec trois anciens proches, soupçonnés d’avoir organisé le tournage de la sextape.Il requiert le renvoi de son ex-directeur de cabinet, Pierre Gauttieri sur les mêmes chefs, mais aussi pour “utilisation, conservation ou divulgation d’un document ou enregistrement portant sur des paroles ou images à caractère sexuel”.Le parquet demande aussi de juger son ancien adjoint à l’Éducation, Samy Kefi-Jérôme pour “atteinte à l’intimité de la vie privée par fixation, enregistrement pour transmission de l’image d’une personne présentant un caractère sexuel”.Il souhaite enfin le renvoi notamment pour “complicité de chantage” de l’ex-compagnon de Samy Kefi-Jérôme, Gilles Rossary-Lenglet, qui avait révélé l’affaire à Mediapart en 2022.- “choqué” -En revanche, le parquet requiert un non-lieu contre deux couples à la tête d’associations stéphanoises soupçonnées d’avoir servi à rémunérer les auteurs de la sextape en échange de prestations fictives financées par la mairie.L’enquête n’a pas permis “de caractériser (…) des charges constitutives de ces infractions”, explique le procureur Thierry Dran. Interrogé par l’AFP, Gilles Rossary-Lenglet a exprimé sa surprise sur ce point. “Je suis choqué que les quatre responsables d’association qui m’ont versé en connaissance de cause 40.000 euros, ce qui me vaut à juste titre des poursuites pour recel de détournement de fonds, soient épargnés par le parquet”.”Le parquet a fait la moitié du chemin”, a pour sa part déclaré l’avocat de Gaël Perdriau, Me Jean-Félix Luciani, pour qui il serait désormais “logique” de supprimer le chef de détournement pour son client aussi.Dans un dossier distinct, Gaël Perdriau a enregistré une satisfaction avec l’annulation mardi par la justice d’une plainte en diffamation portée contre lui par la direction d’un festival d’art burlesque stéphanois, selon les avocats des parties.

Assistants parlementaires du RN: Bardella visé par une plainte

Une association anticorruption a annoncé mercredi avoir déposé plainte contre le président du RN Jordan Bardella qu’elle accuse d’avoir occupé un emploi fictif d’assistant parlementaire européen, dans cette affaire dans laquelle Marine Le Pen connaîtra son jugement lundi.L’objectif de cette plainte par l’association de défense écologiste de la démocratie et des libertés (Adelibe) est “d’interrompre le délai de prescription” à l’encontre de Jordan Bardella, a relevé l’avocat de l’association Jéremy Afane-Jacquart, mercredi, lors d’une conférence de presse.Le président du RN n’a jusqu’ici jamais été inquiété dans cette affaire qui empoisonne son parti depuis des années. Selon l’accusation, les assistants parlementaires étaient rémunérés par des fonds européens mais travaillaient au moins partiellement pour le parti.La plainte de l’Adelibe vise aussi Jean-François Jalkh, l’eurodéputé dont Jordan Bardella a été, pendant quatre mois et demi en 2015, l’assistant parlementaire.Contrairement à Jordan Bardella, Jean-François Jalkh était déjà visé dans le procès des assistants RN, mais le tribunal, à l’ouverture des débats, avait ordonné la disjonction de son cas au vu de son état de santé qui ne lui permettait ni “d’être présent” ni de “préparer sa défense”. L’association les accuse de détournement de fonds publics et recel, faux et usage ainsi qu’escroquerie, d’après cette plainte, déposée mardi. Sollicité, le parquet de Paris n’a pas répondu mercredi.En 2018, celui-ci “a possiblement été trompé par les manÅ“uvres qui ont été commises, croyant qu’effectivement un travail avait bien été accompli par Jordan Bardella au Parlement européen”, a commenté Me Jéremy Afane-Jacquart. La présidente d’Adelibe, la députée écologiste Léa Balage El Mariky, a demandé qu’un agenda, qui d’après un article de Libération de septembre 2024, aurait été “rempli à la main” et antidaté par Jordan Bardella “dans le but de fabriquer de fausses preuves de travail”, soit examiné par la justice.M. Bardella avait alors dénoncé une “grossière tentative de déstabilisation”.Un an plus tôt, le quotidien l’avait qualifié d'”assistant parlementaire fantôme” qui serait passé entre les mailles de la justice. Le président du RN avait attaqué le journal en diffamation mais a perdu vendredi son procès.Marine Le Pen sera fixée lundi prochain sur son sort. L’accusation a requis à l’encontre de la cheffe de file de l’extrême droite une peine de cinq ans d’inéligibilité avec exécution provisoire (s’appliquant immédiatement, même en cas d’appel) en plus de cinq ans de prison dont deux fermes (une peine aménageable), et 300.000 euros d’amende.

Affaire des écoutes: Nicolas Sarkozy a saisi la CEDH

La Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH) a indiqué mercredi à l’AFP avoir reçu une requête de Nicolas Sarkozy après sa condamnation définitive en décembre à un an de prison ferme pour corruption et trafic d’influence dans l’affaire dite des écoutes.La requête a été introduite le 20 mars et enregistrée mercredi, a précisé un porte-parole de la Cour, bras judiciaire du Conseil de l’Europe, organisation internationale rassemblant les 46 pays signataires de la Convention européenne des droits de l’Homme.Le 18 décembre, l’ancien président français a été définitivement condamné à trois ans de prison, dont un an ferme, pour corruption d’un haut magistrat dans ce dossier aussi appelé “Bismuth”. Depuis février, il est équipé d’un bracelet électronique limitant ses déplacements.L’avocat de Nicolas Sarkozy, Patrice Spinosi, avait indiqué en décembre que l’ancien chef de l’Etat se conformerait à sa condamnation mais qu’il saisirait la CEDH “pour obtenir la garantie des droits que les juges français lui ont déniée”.Contacté par l’AFP, Me Spinosi a confirmé avoir saisi la CEDH mais n’a pas souhaité préciser les arguments développés dans cette requête.Cette dernière est désormais dans les mains de la Cour, qui va l’étudier, un processus qui devrait prendre plusieurs mois.Cette requête de Nicolas Sarkozy à la CEDH intervient en plein procès des soupçons de financement libyen de sa campagne présidentielle de 2007.L’ancien président, âgé de 70 ans, est soupçonné d’avoir noué fin 2005 un “pacte de corruption” avec le richissime dictateur libyen Mouammar Kadhafi, afin que ce dernier soutienne financièrement sa campagne victorieuse de 2007. Ce qu’il conteste depuis le début des investigations.Jugé pour corruption, recel de détournement de fonds publics, financement illégal de campagne et association de malfaiteurs, Nicolas Sarkozy encourt 10 ans de prison et 375.000 euros d’amende, ainsi qu’une privation des droits civiques (donc une inéligibilité) allant jusqu’à 5 ans.

Consentement: le texte modifiant la définition pénale du viol adopté en commission à l’Assemblée

Les députés ont adopté mercredi en commission une proposition de loi transpartisane visant à modifier la définition pénale du viol pour y intégrer la notion de consentement, un texte à la portée symbolique forte, partiellement réécrit afin d’y inclure les remarques formulées par le Conseil d’Etat.L’introduction de la notion de consentement dans le droit pénal fait débat tant chez les juristes que les associations féministes. Les opposants craignent qu’elle conduise à centrer l’enquête sur l’attitude de la victime. Mais pour la corapporteure du texte, l’écologiste Marie-Charlotte Garin, “malgré l’omniprésence de la question du consentement tout au long de la procédure judiciaire, la loi française reste silencieuse sur ce point crucial”, ce qui “ouvre la voie à des malentendus, voire à des instrumentalisations du consentement par les auteurs des agressions”.L’idée est donc de donner “des indications pour clarifier ce que peut être le consentement et ce qu’il ne peut pas être”, afin de servir de “boussole”, a-t-elle poursuivi. Coécrite avec la députée macroniste Véronique Riotton, la proposition de loi spécifie donc la notion de consentement pour permettre aux juges et enquêteurs de mieux apprécier son défaut.A l’heure actuelle, selon le code pénal, le viol est constitué lorsqu’il est commis par “violence, contrainte, menace ou surprise”.Ce qui ne permet pas, selon l’exposé des motifs de la proposition de loi, “de couvrir un grand nombre de cas”: “sidération, situations d’emprise et de coercition, stratégies développées par certains agresseurs d’exploitation de la vulnérabilité des victimes”. La proposition de loi adoptée en commission ajoute donc la notion de non-consentement au code pénal. Et établit que “le consentement est libre et éclairé, spécifique, préalable et révocable”, qu’il “est apprécié au regard des circonstances environnantes”, et qu’il “ne peut être déduit du seul silence ou de la seule absence de réaction de la victime”. Des formulations issues d’un avis du Conseil d’Etat, que les deux corapporteures ont fait adopter par la commission des Lois par voie d’amendement.  Le texte, signé également par les présidents des groupes macroniste et écologiste Gabriel Attal et Cyrielle Chatelain et écrit à l’issue d’une année de travaux et auditions, sera examiné le 1er avril dans l’hémicycle. – Curseur sur la victime ? -La proposition de loi a été adoptée en commission sans vote contre, mais avec des abstentions, notamment des groupes Rassemblement national (RN) et ciottiste UDR.Le groupe socialiste, divisé sur la question, avait lui laissé une liberté de vote à ses membres. La députée PS Céline Thiébault-Martinez a indiqué à l’AFP s’être abstenue.”Je le dis en tant que féministe engagée depuis de nombreuses années sur cette question, cette réforme soulève de profondes inquiétudes chez les avocats, les magistrats, les associations qui accompagnent les victimes”, a-t-elle déclaré lors des débats.La proposition de loi “réorienterait l’attention des juges, et à travers eux l’attention de la société toute entière, sur le comportement de la victime”, a-t-elle estimé. Mais selon Mme Garin, la définition actuelle “n’empêche pas que les victimes soient au cÅ“ur du débat, avec en plus une instrumentalisation de la notion de consentement, qui est partout mais qui n’est pas clairement définie”. En outre, après le procès des viols de Mazan, il “y a une attente forte des Français d’un changement de la loi”, selon elle.Avant mercredi, une partie du monde judiciaire, comme par exemple le conseil de l’Ordre des avocats de Paris, ou des associations féministes, telle que Osez le féminisme, se sont inquiétés d’une possible inversion de la charge de la preuve: reviendra-t-il aux plaignants de prouver qu’ils ne sont pas consentants ? Une crainte balayée par le Conseil d’Etat dans son avis rendu début mars, pour qui l’enquête ne sera “évidemment pas dirigée vers le plaignant” mais “vers l’auteur”.Les violences sexuelles faisaient aussi l’objet d’un débat mercredi au Sénat, où la commission des Lois a adopté un texte de la ministre Aurore Bergé pour introduire dans le code pénal le concept sociologique de “contrôle coercitif”, ce mécanisme de domination observé dans les violences conjugales. Les sénateurs ont néanmoins apporté d’importantes modifications au texte, préférant intégrer ce concept à la répression du harcèlement sur conjoint, plutôt que de créer une nouvelle infraction à part entière.

Crépol: Eric Zemmour condamné pour injure raciale

Le président du parti d’extrême droite Reconquête Eric Zemmour a été condamné mercredi à une peine de 9.000 euros d’amende, qui faute de versement peut donner lieu à son incarcération, pour injure raciale concernant des propos où il opposait “deux France” dans l’affaire de Crépol.Dans la nuit du 18 au 19 novembre 2023, Thomas, un lycéen de 16 ans, avait été tué à coups de couteau lors d’une rixe entre des jeunes de ce village de la Drôme et un groupe d’autres jeunes arrivés dans la soirée.L’affaire avait suscité une vive polémique, la droite et l’extrême droite l’élevant en emblème d’une insécurité dans les zones rurales due, selon elles, à des habitants de quartiers urbains défavorisés.Interrogé sur une expédition punitive de militants d’ultradroite qui avait suivi, Eric Zemmour avait reproché aux “médias” et au “gouvernement” un “écran de fumée”, “ridicule” par rapport “au meurtre de Thomas” et aux “dizaines de morts de la main des racailles arabo-musulmanes”.”Nous avons, aujourd’hui, une situation où nous avons deux peuples, deux France, deux jeunesses, celle de Thomas, celle de Chahid”, avait déclaré Eric Zemmour le 30 novembre 2023 sur RMC et BFMTV.Devant les enquêteurs, Eric Zemmour, déjà poursuivi et condamné à plusieurs reprises pour ses sorties sur l’islam, l’immigration ou l’histoire de France, avait contesté le caractère injurieux de ses propos et revendiqué sa liberté de parole.- “Généralisation grossière” -Le tribunal correctionnel de Paris, qui a prononcé une peine de 60 jours amende à 150 euros, a souligné que l’ex-candidat à la présidentielle tient un “discours essentialiste en déduisant l’origine des individus des prénoms qu’ils portent” et “désigne comme assassins (…) les personnes d’origine arabe et de confession musulmane qu’il traite de +racailles+”.Il a ainsi proféré “de graves injures”, “en direct” dans “des émissions de grande écoute (…) dans une démarche globalisante et véhiculant un discours de haine venant encore aggraver les dissensions et aiguiser les ressentiments”, selon les juges. Et ce “à un moment très tendu où deux camps antagonistes étaient susceptibles de commettre des actions violentes et où les pouvoirs publics craignaient des actions de représailles voire des phénomènes d’émeutes”.Le tribunal a en revanche relaxé M. Zemmour pour un autre passage de l’interview, malgré son utilisation de “termes clivants et excessifs en convoquant les notions d’+invasion+ et d’+islamisation+”.Eric Zemmour a annoncé dans une déclaration qu’il faisait “bien sûr” appel, soutenant qu'”il est inadmissible que la vérité soit à ce point bâillonnée dans notre pays”.Reprenant un concept originellement théorisé et diffusé par l’extrême droite et contestée par des sociologues, il a affirmé que “le racisme anti-blanc tue, mais, en France, ce sont ceux qui le combattent que la justice sanctionne”.Dans un jugement distinct, Eric Zemmour a également été relaxé mercredi pour des messages sur Twitter (devenu X) dans lesquels il évoquait en octobre 2022 le meurtre de Lola, adolescente de 12 ans.”Dhabia B, Amine K, Friha B et Rachid N, ce sont les noms des quatre suspects algériens dans l’affaire du meurtre de Lola. Quand défendrons-nous nos enfants contre ces francocides qui sont toujours commis par les mêmes, toujours au détriment des mêmes ?”, s’interrogeait-il.Le tribunal a estimé que ces propos, s’ils “procèdent à une généralisation grossière, ne permettent pas de caractériser une communauté déterminée qui serait visée par les propos discriminatoires ainsi diffusés”.

Justice des mineurs: au Sénat, l’alliance gouvernementale au défi de son unité sur un texte d’Attal

L’initiative de Gabriel Attal pour “restaurer l’autorité” de la justice à l’égard des mineurs délinquants révèle des fragilités au sein de la coalition gouvernementale au Sénat, où les désaccords sont nombreux au début de l’examen mardi soir d’un texte de l’ancien Premier ministre.Comparution immédiate, sanction des parents des délinquants mineurs, dérogations à l’excuse de minorité… En réaction à plusieurs faits divers violents impliquant de plus en plus d’adolescents, Gabriel Attal espère voir le Sénat adopter sa proposition de loi durcissant la justice applicable aux mineurs.Mais à l’ouverture des débats mardi soir, le patron du parti présidentiel Renaissance fait encore face à des réticences. Celles des professionnels du monde judiciaire et de l’enfance -des rassemblements ont eu lieu devant plusieurs tribunaux et devant le Sénat mardi à l’appel de syndicats de la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ)-, mais aussi celles de certains alliés politiques. Déjà mouvementés à l’Assemblée nationale en février, les débats le sont aussi au Sénat: en commission des Lois ces derniers jours, le texte a été largement vidé de sa substance à l’initiative du rapporteur Les Républicains Francis Szpiner, peu convaincu de l’efficacité du dispositif proposé.- Mesures rétablies ? -“Rien n’est pire que les lois inutiles et inapplicables”, a-t-il lancé dans la soirée, alertant ses collègues sur l’importance de “ne pas légiférer sous le coup de l’émotion” et craignant “une loi de circonstance”.Ce soutien de Bruno Retailleau dans la campagne des Républicains a ainsi proposé et obtenu la suppression de la plupart des dispositifs clés en commission, contre l’avis de plusieurs cadres de son camp LR et avec l’aide de la gauche qui s’oppose au texte et juge plusieurs dispositifs inconstitutionnels…Mais Gabriel Attal dispose au Sénat de plusieurs relais de poids pour tenter de rétablir les mesures supprimées, comme le chef du puissant groupe centriste Hervé Marseille. Idem pour le garde des Sceaux Gérald Darmanin, favorable au texte. Ce dernier a plaidé dans l’hémicycle pour que le Sénat “s’entende pour garder la force du texte voulu par Gabriel Attal”. Durant les débats qui s’étireront jusqu’à mercredi, il proposera ainsi de rétablir la création d’une procédure de comparution immédiate pour les mineurs à partir de 16 ans pour des faits graves, et devrait soutenir divers amendements visant à modifier le régime de l’excuse de minorité, en en faisant l’exception et non plus la règle dans certains cas.- Texte “dézingué” -Plusieurs mesures, supprimées totalement ou partiellement en commission, entendent par ailleurs responsabiliser les parents de mineurs délinquants.Les débats risquent surtout de révéler au grand jour certaines divisions au sein de la majorité sénatoriale, une alliance droite-centristes rarement perturbée ces derniers mois.Des dissensions existent aussi à l’intérieur même du groupe LR, où les positions du rapporteur Francis Szpiner, ténor du barreau qui concurrence Rachida Dati pour l’investiture de la droite à la mairie de Paris, en ont surpris plus d’un.”Dézinguer le texte comme cela a été fait est totalement contraire à la ligne défendue par Les Républicains, Bruno Retailleau et le Sénat ces dernières années”, s’agace Marc-Philippe Daubresse, l’un des cadres du groupe LR qui redoute de voir émerger “un problème politique” autour de cette proposition de loi.”Chez LR, on reproche suffisamment de choses à l’aile gauche de la macronie lorsqu’elle freine nos propositions, pour s’opposer quand Gabriel Attal vient partager toutes nos positions”, reprend-il auprès de l’AFP, appelant à la “cohérence” et promettant de s’allier avec les centristes pour rétablir la plupart des mesures.Devant ces divisions, la gauche, opposée aux mesures initiales, se frotte les mains: “Si le texte reste vidé de sa substance, nous pourrions nous abstenir”, glisse la socialiste Laurence Harribey, satisfaite d’observer, à distance, ces “règlements de compte du socle commun”.”Quand je vois la gauche se réjouir du travail du rapporteur, je me dis qu’on est vraiment dans le mauvais chemin. Il faut revenir à nos fondamentaux”, a réagi mardi sur Public Sénat un autre sénateur LR, Stéphane Le Rudulier, qui espère voir le texte être “remusclé”.

TotalEnergies “complice” de Poutine: au tribunal, Jadot détaille ses accusations

Poursuivi en diffamation par TotalEnergies, le sénateur écologiste Yannick Jadot a soutenu mardi ses accusations contre le groupe d’être “complice de crimes de guerre” en raison de la poursuite de ses activités en Russie après l’invasion de l’Ukraine.L’ancien candidat à la présidentielle est poursuivi par le groupe pour 19 séries de propos, datant de mars 2022, peu après l’invasion de l’Ukraine par l’armée russe le 24 février.A la différence des autres major pétrolières, TotalEnergies “décide de ne pas quitter la Russie”, rappelle Yannick Jadot à la barre.Détaillant l’étroitesse des liens entre le géant français et la Russie, il estime qu’il s’agit d’une “contribution, une participation au financement d’une guerre et de ses atrocités”.Le sujet des “atrocités russes commises en Ukraine” s’invitait dans toutes les familles, tous les cercles d’amis, explique le sénateur écologiste, “pour tout le monde c’est un scandale à ce moment-là de rester en Russie”.”On est dans ce moment-là, il y a une entreprise qui est clé dans le dispositif russe et décide de s’asseoir sur tous les codes éthiques qui sont mis en avant sur le site web de la société”, accuse-t-il.Interrogé par les avocats de Total qui soulignent que les autres grands groupes pétroliers sont restés en Russie, il réplique par une autre question: “Est-ce qu’il ne sont pas partis parce que Total est resté ?””Ils sont libres de continuer à faire de l’argent”, déplore-t-il, “comme disent les conseillers” du président ukrainien Volodymyr Zelensky, “de l’argent de sang”.Cité par la défense de Yannick Jadot, le député européen Raphaël Glucksmann a estimé que “c’est la responsabilité d’un dirigeant politique de créer le débat, c’est même son honneur”.TotalEnergies était avant le conflit en Ukraine l’un des groupes français les plus exposés en Russie en matière d’énergie.Il avait annoncé fin avril 2022 un “début de repli”, et quatre mois plus tard la suspension progressive de ses activités en Russie pour “celles qui ne contribuent pas à l’approvisionnement énergétique du continent” européen.Pour TotalEnergies, qui demande un euro de dommages et intérêts, Me Antonin Lévy s’en est pris à la “répétition insupportable” par Yannick Jadot de l'”accusation extrêmement grave” de complicité de crimes de guerre.Malgré leurs annonces, les autres groupes n’ont pas quitté la Russie, en raison de l’impossibilité de le faire, car cela reviendrait à enrichir l’Etat russe ou contourner ou violer les sanctions, a-t-il fait valoir.L’avocat de Yannick Jadot, Me William Bourdon, a plaidé la relaxe, estimant que “c’est la liberté d’expression qui doit l’emporter ici”.Le jugement sera rendu le 6 juin.

Le racisme antiblanc, “bien sûr qu’il existe”, affirme le communiste Fabien Roussel

Le patron du Parti communiste Fabien Roussel a estimé mardi que le racisme antiblanc existait “bien sûr”, suscitant l’indignation de députés La France insoumise qui lui reprochent de “banaliser des notions venues de l’extrême droite”.Interrogé sur Cnews sur le racisme antiblanc, concept contesté par certains sociologues notamment, M. Roussel a répondu: “bien sûr qu’il existe”.”Mais le racisme antiblanc, le racisme antinoir, le racisme antichinois, anti-asiatique (…) c’est terrible. Et vous savez ce que ça fait ce racisme de toutes sortes? Il est fait pour diviser le peuple, pour diviser les Français, quelle que soit leur couleur et leur origine”, s’est indigné M. Roussel. “Et pendant ce temps-là, je peux vous dire que les affaires prospèrent. Les financiers, le monde économique, pas de problème. Pendant que en bas, le peuple se déchire et se divise (…) et je suis meurtri par ça”, a-t-il complété.Cette position de M. Roussel a provoqué la réprobation dans les rangs Insoumis, à l’image du député de Seine-Saint-Denis Bastien Lachaud pour qui le communiste “repousse les limites”.”Rarement un dirigeant d’une organisation de gauche aura tant fait pour brouiller les repères, banaliser des notions venues de l’extrême droite et contribuer ainsi à la défaite idéologique de notre camp social”, a-t-il commenté sur X, accusant M. Roussel de “flatter le prêt-à-penser réac”.”Ce monsieur ne sera jamais ni mon partenaire, ni mon camarade”, a abondé un autre député LFI de Seine-Saint-Denis, Aly Diouara.Cette controverse s’inscrit dans un contexte déjà tendu entre communistes et Insoumis, ces derniers accusant régulièrement le patron du PCF d’utiliser une rhétorique d’extrême droite, comme lorsqu’il avait employé le terme de “frontières passoires” en 2023.Le débat sur le racisme antiblanc a pour sa part rebondi ces derniers jours avec la publication d’un livre d’enquête sur l’affaire d’homicide à Crépol (Drôme), où a été tué un adolescent en 2023.Alors que les enquêteurs cherchent toujours à déterminer l’auteur des coups de couteau mortels, l’ouvrage, qui donne des prénoms de personnes mises en cause, souligne la récupération politique de cette affaire autour d’un prétendu “racisme antiblanc”, chez des médias et élus ayant fait de l’insécurité un thème récurrent.Mais le concept même de racisme antiblanc, originellement théorisé et diffusé par l’extrême droite, est contesté par des sociologues qui jugent qu’une telle forme de racisme est soit résiduelle, soit ne peut exister en l’absence d’une discrimination systémique envers les Blancs. Cependant, de nombreuses personnalités politiques de tous bords, se basant sur leur expérience ou des faits d’actualité, reprennent l’expression à leur compte, comme récemment la porte-parole du gouvernement Sophie Primas qui a dit dimanche n’avoir “pas de pudeur” à l’évoquer.