Le Premier ministre canadien Justin Trudeau s’est déplacé en Floride vendredi pour rencontrer Donald Trump, qui a suscité l’inquiétude de ses voisins en les menaçant d’une hausse drastique des droits de douane pour son retour à la Maison Blanche.Lundi, le président élu a dit vouloir imposer au Mexique et au Canada des droits de douane de 25% sur l’ensemble des produits importés aux Etats-Unis, une annonce qui a secoué les deux pays et fait craindre une vaste guerre commerciale.C’est probablement pour tenter d’éviter de telles hostilités économiques que Justin Trudeau a effectué vendredi un déplacement surprise à West Palm Beach pour rencontrer en personne le prochain président américain, qui prendra les rênes du pouvoir le 20 janvier.Les deux hommes ont dîné ensemble vendredi soir à Mar-a-Lago, la résidence du milliardaire. Une photographie publiée par le sénateur élu de Pennsylvanie David McCormick les montre côte à côte, entourés d’une dizaine d’invités dont Howard Lutnick, choisi par Donald Trump pour être secrétaire au Commerce, et Mike Waltz, nommé conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche.Le Canadien est le premier dirigeant du G7 à rencontrer Donald Trump depuis son élection.Dans une publication samedi sur son réseau Truth Social, Donald Trump a qualifié cette rencontre de “très productive”. Selon lui, les échanges ont tourné autour de “la crise du fentanyl, conséquence de l’immigration illégale”, “des accords commerciaux” et “du déficit commercial”.”J’ai dit très clairement que les États-Unis ne resteraient plus les bras croisés alors que leurs citoyens sont victimes du terrible fléau que représente l’épidémie de drogue, causée principalement par les cartels et par le fentanyl qui arrive de Chine”, a ajouté Donald Trump.De son côté, interrogé par les journalistes présents, Justin Trudeau s’est contenté de parler “d’une excellente conversation” en quittant samedi matin son hôtel pour revenir au Canada. Et son bureau n’a pas souhaité commenter la visite.- Deux millions d’emplois -Face aux annonces de Donald Trump, le Canada envisage la possibilité d’imposer des droits de douane supplémentaires sur certains articles américains en représailles, selon une source gouvernementale.Plus des trois quarts des exportations canadiennes en valeur (592 milliards de dollars canadiens soit 400 milliards d’euros) sont allées vers les Etats-Unis en 2023. Et près de 2 millions de personnes au Canada dépendent des exportations sur une population d’environ 41 millions d’habitants.Vendredi, devant la presse, Justin Trudeau a laissé entendre qu’il n’avait pas de doute sur l’intention de Donald Trump de mettre en oeuvre cette hausse annoncée en arrivant au pouvoir.”Lorsque Donald Trump fait de telles déclarations, il a l’intention de les mettre à exécution”, a-t-il déclaré.Lors du premier mandat Trump, les Etats-Unis avaient imposé des tarifs douaniers de 25% sur les importations d’acier et de 10% sur celles d’aluminium, auxquels Ottawa avait répondu en ciblant certains produits américains comme le ketchup, le bourbon et le jus d’orange.Qu’importe l’accord de libre-échange Canada-Etats-Unis-Mexique (USMCA), Donald Trump avait fait durant sa campagne des droits de douane la colonne vertébrale de sa politique économique.- “Stopper l’immigration” -Lundi, l’ancien et prochain président a promis qu’il maintiendra cette surtaxe “jusqu’à ce que les drogues, en particulier le fentanyl, et tous les immigrants illégaux arrêtent cette invasion de notre pays!”.Il s’est entretenu mercredi avec la présidente du Mexique Claudia Sheinbaum, mais leur appel téléphonique a donné lieu à des interprétations divergentes.L’Américain a assuré que son homologue avait accepté de “stopper l’immigration” clandestine en direction des Etats-Unis. Mais Mme Sheinbaum l’a contredit, en rappelant que la position du Mexique “n’est pas de fermer les frontières”.Elle a aussi menacé d’augmenter à son tour les tarifs douaniers mexicains sur les produits américains. Donald Trump a également annoncé lundi vouloir augmenter de 10% les droits de douane sur les produits en provenance de ChineSur le départ, le président américain Joe Biden a lui jugé jeudi ces déclarations “contre-productives”.
Sat, 30 Nov 2024 20:22:33 GMT