Trophée Jules Verne: Coville et compagnie en quête du record autour du monde

“Le talent c’est d’oser”. A 56 ans, le marin Thomas Coville s’apprête à partir pour son 10e tour du monde, le deuxième en moins de deux ans. Avec un équipage cinq étoiles, il espère s’emparer du record autour du monde sans escale, au talent et à la volonté.A Lorient (Morbihan), la période d’attente pour s’élancer autour du monde a débuté mi-novembre pour le maxi-trimaran Sodebo Ultim 3. “Nos sacs sont prêts, le bateau est chargé, il nous reste plus qu’à naviguer”, dit souriant Coville, impatient d’embarquer.En attendant la fenêtre météo idéale pour débuter le périple, ce navigateur chevronné enchaîne avec ses hommes les séances de musculation et de vélo, réalise des sorties d’entraînement autour de Groix et passe aussi du temps en famille.”Je suis relax. Physiquement, j’ai changé ma manière de me préparer. Je me concentre surtout sur la récupération pour éviter de débuter le tour du monde sur le fil. Cela me rassurait avant d’être surentraîné, mais j’en ai moins besoin aujourd’hui”, confie-t-il.Il faut dire que Coville connaît la chanson. En cas de départ – la période d’attente dure environ jusqu’à mi-février- ce père de deux enfants pourrait boucler son 10e tour du globe. Il en compte déjà neuf au compteur : 7 en multicoque et 2 en monocoque..- “Pas reparti sans eux” -“Je dois avoir plus de 50 traversées transatlantiques à mon actif, environ 2 ou 3 par an depuis que j’ai commencé le haut niveau. Cela représente des milliers d’heures de navigation, de mise au point, mais je prends toujours autant de plaisir”, dit Coville.Pourtant le dernier en date était sûrement l’un des plus durs à encaisser. En février dernier, il achevait la première course autour du monde entre maxi-trimarans, l’Ultim Challenge, en 2e position après 53 jours éreintants en mer.”Il y a eu des moments difficiles, des prises de risque que j’ai mis un peu de temps à digérer. Sur le coup on ne se rend pas vraiment compte, on est dans la course, on avance coûte que coûte, raconte-t-il, j’ai dû appuyer sur pause”.Mais chassez le naturel, il revient à 30 noeuds lancé sur ses foils. “Ces bateaux sont fous, on s’améliore d’année en année dans toutes les conditions de mer… forcément ça donne des idées”, reconnait le marin qui avait aussi “très envie de transmettre”.A la fin de l’été, il s’est donc bien entouré pour partir à l’assaut du record de Francis Joyon (40 jours, 23 heures, 30 minutes en 2017). “J’avais besoin d’être époustouflé, de me faire bousculer. Je ne serais pas reparti sans eux”, avoue-t-il.- A son tour ? -Les marins Frédéric Denis, Léonard Legrand, Pierre Leboucher, Guillaume Pirouelle, Benjamin Schwartz et Nicolas Troussel accompagneront Coville pour ce nouveau chapitre d’une vie sportive déjà bien remplie.Parmi ses nombreux exploits, le plus marquant est sans doute le record du tour du monde en solitaire en multicoque. Le 25 décembre 2016, il devenait le premier à descendre sous la barre symbolique des 50 jours (49 jours 3 heures et 7 minutes).Mais un an plus tard, François Gabart parvenait à aller encore plus vite que son aîné (42 jours 16 heures 40 minutes). Le Charentais devrait également tenter le trophée Jules Verne cet hiver à la barre de son SVR Lazartigue.”Le talent c’est d’oser. Ce n’est pas un hasard si les deux détenteurs de record autour du monde (Gabart en solitaire, Joyon en équipage) sont des marins qui ont dans leur ADN cette volonté de tenter”, avance Coville.”Et maintenant, c’est à nous d’y aller”, lâche-t-il déterminé.
Sun, 24 Nov 2024 14:01:35 GMT